Marc à Paris 1974

Si l'on en croit la chronolgie de Cliff' Mc Lenehan ces évènements eurent lieu le samedi 5 Juillet. Le lendemain Marc quittait la France pour Los Angeles.

Cet article est paru dans 'A Thousand Mark Feld Charms N° 9''
Je remercie Gavin Ross pour son aimable autorisation de le reproduire ici.

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Gavin Ross
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Middlesbrough
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Angleterre
dwornboy@hotmail.com

 

Saviez-vous que Marc avait visité Paris en 1974 aussi et qu'à cette occasion il avait enregistré le clip promotionnel pour LIGHT OF LOVE ?

Scott le journaliste de Music Star raconte :

'Jour Scott ! me dit une voix amicale au téléphone... "Nous nous demandions si celà te dirait de prendre l'avion pour Paris pour quelques jours et rencontrer Marc Bolan. Il est là-bas pour des enregistrements et nous sommes sûrs qu'i serait heureux de te voir !"

"Paris . . Marc Bolan... " - je bégayais.

"Oui super ! Je prends."

"Ok , alors rendez-vous à Gatwick demain matin, et n'oublie pas ta brosse à dent !"

Et c'est ainsi que je fis un saut surprise à la plus romantique des capitales d'Europe. Quand je m'enfonçais dans mon siège le lendemain matin, observant la campagne Anglaise puis le bleu du 'channel' loin au dessous de moi, j'avais encore du mal à y croire. Mais une demi-heure plus tard nous atterissions à Roissy-Charles de Gaulle et je sus que c'était bien vrai !

L'intérieur de l'aéroport est très 'ère spatiale' mais une fois dehors, dans le chaud soleil, vous êtes tout de suite de retour sur terre. Le publiciste de Marc et deux autres journalistes étaient mes compagnons de voyage et nous décidâmes de prendre le bus pour le centre de Paris. Le trajet fut un peu cahotique et l'autoroute surchargée n'était pas des plus intéressante mais le voyage fut court et nous voilà bientôt au comptoir du Hilton ! 

Je parie que vous ne me croyiez pas capable de séjourner dans un hôtel aussi snob !

Je vais vous dire un secret...Moi non plus !

Ma chambre au septième étage disposait d'une douche et d'un balcon rien que pour moi et la fameuse tour Eiffel était juste de l'autre côté de la rue.

Fantastique ! J'avais même une télé couleur ! Je comtemplai un moment la vue et puis rejoignis les autres pour déjeuner.

Nous fîmes alors nos plans de campagne pour l'après-midi. Les autres journalistes feraient leurs interviews de Marc dans l'après-midi, là-haut dans sa suite privée, au dernier étage du Hilton. Ensuite, à 17H00, je le rencontrerais et me rendrais avec lui sur le lieu de son tournage destiné à la promotion de son nouveau 45 tours :LIGHT OF LOVE.

"Cà me va tout à fait," souriai-je, et j'attaquai le steack géant et mon verre de vin rouge. Après le repas ( sûr les Français savent cuisiner ! je suis sorti sur la terrasse et je restai à apprécier les rayons de soleil et un nombre incalculable de tasses de café. J'ai aussi essayé quelques mots de mon horrible Français avec les serveuses et j'ai dû faire une gaffe car l'une d'elle m'a rembarré. Cà doit être quelque chose que j'ai dit...je n'ai jamais été bon en Français à l'école...

Cà y est, 5 heures, je frappe à la porte de Marc. Il m'ouvre et m'accueille amicalement comme d'habitude. Une plaisanterie, une rigolade et un verre de champagne ! çà ne peut pas être mal, n'est-ce pas ? Le leader de T.Rex a l'air pâle et fatigué mais il va bientôt être tout bronzé.

"Je pars pour Cannes demain"dit-il..."C'est les vacances ! Nous avons travaillé comme des brûtes depuis la tournée Anglaise. Le plus dûr a été le nouvel album.

Nous l'avons enregistré aux Etats-Unis et je suis très satisfait du résultat.

Après un break au soleil, je retourne là-bas le finir. Ces choses là prennent beaucoup de temps.

Je pense que mes fans comprennent."

Un paquet de gens s'en sont donné à coeur joie aux dépends de Marc depuis quelque temps mais il a aussi gardé beaucoup d'amis.

"On m'a toujours descendu," Il sourit. "J'y suis habitué. Peu importe ce que l'on écrit sur moi. Celà ne me touche pas. Je ne les prends pas au sérieux. Tout ce qui importe c'est ce que les fans de T.Rex pensent et je sais que le groupe est encore important pour eux. Ils m'écrivent et m'envoient des cadeaux et toutes sortes de choses, et çà, çà me rend heureux. Je leur doit beaucoup et c'est pour celà que j'ai mis autant de moi dans ce nouvel album.

Je veux leur donner ce que j'ai de meilleur, quelquechose qu'ils apprécieront à fonds"

Nous finissons nos coupes de champagne et descendons par l'ascenseur. Une voiture nous attend dehors et nous emmène au petit studio de télévision où Marc doit faire son film. Comme nous traversons rapidement Paris, son esprit semble alerte et pointu. Il s'intéresse aux scènes de la rue et fait des commentaires. Il n'est pas difficile de saisir ce qu'il ressent pour Paris : il en est amoureux !

Mais il m'avoue qu'il n'a pas vu grand chose de la ville depuis son arrivée. Bien qu'il ait désormais visité presque toutes les capitales de la terre, il n'en a jamais réellement profité. Les boîtes à la mode, les restaurants prestigieux, les marchés ou les immeubles impressionnants de Paris, tout celà lui reste étranger. Il met tant d'énergie dans son travail que quand une journée prend fin il est heureux de rester au calme et se relaxer dans une chambre d'hôtel.

"Quand Marc sort le soir, c'est un vrai évènement me confie un de ses amis" .

Un instant il fait le pître, l'instant d'après il n'est plus que concentration, s'assuarant qu'il fait du bon boulot pour son film.

Il est ici à Paris, sans sa femme, June. Elle ne voyage jamais avec lui, ces temps-ci, quand il travaille.

"Un certain temps, j'essayais de tout mener de front " ,explique Marc. "Celà ne fonctionnait pas. Désormais je me concentre sur une chose à la fois. Quand je travaille, j'ai besoin d'être seul. June l'a compris. Celà peut sembler étrange à certains, mais dans le rock business vous menez une vie bien différente de la normale. J'ai de la chance d'avoir trouvé quelqu'un comme June. Quelqu'un qui comprend que ma musique passe avant tout."

La voiture se gare le long du trottoir et nous pénétrons dans le petit studio. Marc est en pleine forme ! il plaisante avec les cameramen Français et la jeune femme du maquillage. Nous avons tous un peu faim, aussi nous partons à la recherche de fromage et de pain Français et profitons d'un bon casse-croûte. Enfin il est l'heure de se mettre au travail. Il est étonnant de voir comment d'un seul coup Marc change. Un instant il fait le pître, l'instant d'après il n'est plus que concentration, s'assuarant qu'il fait du bon boulot pour son film. Est-il besoin de le dire : c'est du bon boulot qu'il fait  ! Quand la pression retombe, les rires et plaisanteries reviennent alors que nous sautons dans la voiture, direction le Hilton. Les lampadères brillent le long des quais de la Seine et la tour Eiffel, elle-même, est illuminée. Quel voyage !

 

Un autre journaliste, Tony Norman était lui aussi à l'enregistrement du clip de LIGHT OF LOVE. Plus tard, il a écrit ces souvenirs intéressants de cette rencontre avec Marc.

Le plus grand danger pour une rock star est la perte de son identité personnelle. Marc Bolan, que j'ai très bien connu, était très concient de l'irréalité de tout celà. Je me rappelle, l'interviewant, aux premiers jours de T.Rex, à son appartement de Little Venice. Dans le salon il y avait un immense poster de lui-même, posant et grimaçant, dans le plus pur style 'guitar-hero' face à la caméra. Ma première réaction fut de penser qu'l était parti dans l'inévitable trip mégalo. Mais comme nous parlions, il m'expliqua la présence du poster.

‘Je le garde là pour me rappeler que le Marc Bolan que les gens voient sur scène n'est qu'un personnage de mon invention. Je ne m'y laisse pas prendre. Je ne crois pas en ce qui n'est que ma propre publicité. Le jour où je me mettrais à croire au type qu'on voit là ! j'aurai des problèmes.'

Marc était un esprit acéré, brillant et ingénieux, débordant d'ambition. C'était une vrai joie de voir ses rêves devenir réalité, dans ces jours heureux. Mais avec le succès la pression prit de l'importance.

Dans une autre interview, plus tard, il me dit:

'On ne se rend pas toujours compte combien on est tendu, en fait, à l'intérieur. Je savais que celà serait dur, mais je n'aurai pas cru que çà le soit autant. L'autre jour, j'étais là, assis, tout seul, et je me suis soudain mis à fondre en larmes, sans raison. Je ne sais pas pourquoi. Simplement la pression, je suppose. a mes yeux, cette pression prit finalement son dû. Marc perdit le contrôle du mec 'là-haut, sur le poster' et se mit à croire en sa propre image. La dernière fois que je l'ai rencontré, c'était à Paris, en 74. Sa popularité n'était plus ce qu'elle avait été et il m'a semblé que son humour avait pris un ton déplaisant et malveillant qu'il n'avait jamais présenté auparavant. Parce que nous étions amis, il m'avait invité à l'occasion de l'enregistrement d'une vidéo, dans la banlieu de la ville, en soirée. Il sembla prendre une attitude de 'star' envers tous les participants. Il avait changé. Dans la voiture, au retour à l'hôtel, je l'aiguillonnai en parlant de sa couronne perdue. Sa réaction fut aussi piquante que ma question. Quand nous fûmes de retour à sa chambre d'hôtel il lui sembla que l'instant était propice à une amère querelle. Marc m'enjoignit de sortir et je ne fus pas mécontent de le quitter. Mais, plus tard, dans ma chambre d'hôtel, pendant que j'observais la nuit parisienne, je me suis senti triste et nostalgique des jours où c'était lui qui m'appelait,au petit journal de musique auquel je collaborais. Il était si plein de vie alors. Si plein de confiance mais aussi de bon sens. Si le monde musical allait réussir à l'attirer dans son filet, alors tout le monde aurait intérêt à bien se tenir.

Je n'ai jamais revu Marc. J'ai été très choqué d'apprendre son décès dans un accident de voiture en 77. Mais au moins Marc était remonté de l'enfer. A la fin sa personnalité était à nouveau très forte. Des amis m'ont assuré qu'il était revenu à ses anciennes manières. Plein d'idées, plein de confiance aussi, plein de son humour plaisant. C'est ainsi que j'aime m'en souvenir : riant au poster sur le mur.

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