N° 9, avril 1969 | ||||||
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Le fac-similé de Best 9 a été publié dans Jukebox magazine 329 , mai 2014
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N° 10, mai 1969 | ||||||
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- Vous semblez particulièrement occupé. Trouvez-vous du temps à consacrer à vos loisirs ? - Bien sûr. Je passe beaucoup de temps à lire
et écrire des poèmes.
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N° 11bis, juin 1969 | ||||||
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Le fac-similé de Best 11bis a été publié dans Jukebox magazine 334, octobre 2014
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N°31, février 19'71 | ||||||
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Pierre Jahiel : Content d'être en France? T. Rex: - Oui, mais c'est uniquement pour une télé. C'est dommage, d'ailleurs, nous aurions beaucoup aimé donner un vrai concert. Mais comme personne ne nous l'a demandé... P. J.: - Parlez-moi du dernier album, T.Rex? T. R.: - Eh bien, au début, j'avais peur que ce soit un énorme bide. J'entends par là que je n'étais pas du tout sûr que cet album soit bien représentatif de la musique que nous jouons et je craignais que les gens ne se méprennent sur nous. Finalement, petit à petit, je me suis rendu compte que c'était tout le contraire, et je suis maintenant certain que nous n'aurions vraiment pas pu faire mieux. Je ne veux pas dire par là qu'il soit d'une qualité musicale extraordinaire, mais au moins il est à notre image ... Vous savez, tout le monde a en soi quelque chose d'exceptionnel, le tout est de savoir le montrer. Personnellement, ça fait deux ans que j'essaie de montrer au public à? quel point je sors de l'ordinaire, et je vous assure que ce n'est pas facile. Il ne faut pas non plus tomber dans l'excès contraire, dans l'exhibitionnisme. C'est pour ça que j'aime l'album de Lennon. Parce que toutes ses faiblesses, ses problèmes, et ses ambitions y sont représentés, traduits musicalement. Je ne veux pas juger l'album; je vous dis simplement que ce genre de choses agit sur moi en profondeur. P. J.: - Qui d'autre aimez-vous à part Lennon? T. R. : - J'adore Clapton; Hendrix. En fait, je n'ai pas de goûts très précis. J'écoute n'importe quoi, si c'est bon je reste, si c'est mauvais je pars. Je n'ai pas un son favori. Chez moi, c'est une question d'émotion. II existe de très bons guitaristes comme McLaughlin ou Coryell, qui peuvent faire tout ce qu'ils veulent avec une guitare, sans que ça me touche une seule seconde. Par contre, quand j'écoute un disque qui provoque chez moi une sensation, alors, à ce moment-là, j'ai vraiment l'impression d'apprendre quelque chose, vous comprenez? Et ça, rien ne peut le remplacer. Le Jazz, c'est peut-être très bien, mais moi, je m'en fous. J'aime bien Miles Davis, mais je n'achèterai pas un disque de lui. P. J.: - Mais vous n'écoutez jamais un disque uniquement pour votre plaisir? T. R.: - Si, mais mon plaisir c'est d'apprendre, voilà tout. Je n'ai pas le temps matériel de faire des choses qui ne m'apportent rien. Or, il n'y a rien dans le jazz que je puisse tirer et mettre dans ma tête pour l'utiliser. Du point de vue émotionnel, les jazzmen sont des étrangers; des extra-terrestres qui me dépassent de très loin. Je n'y suis pas encore préparé. Quand je dis apprendre; je ne parle pas de nouvelles techniques, de nouveaux sons que je pourrai imiter. Alvin Lee pourrait jouer pendant vingt minutes des millions de notes tout en buvant son café, ça serait peut-être une performance, mais ça ne m'atteindrait pas le moins du monde, D'ailleurs. chaque fois que je l'écoute, j'ai l'impression d'entendre une bande magnétique accélérée, Par contre, un gosse de 8 ans qui touche pour la première fois une guitare peut me défoncer complètement, De toutes façons, Alvin Lee est célèbre parce qu'Il est beau. C'est ce qu'il faut de nos jours pour avoir du succès: être beau et travailler correctement. Je ne veux pas dire par là que je suis meilleur que lui, loin de là; mais de nos jours, il y a tellement de guitaristes « honnêtes », que le seul moyen de s'échapper du peloton est d'utiliser des éléments extérieurs: la beauté, le jeu de scène, etc. En fait, c'est regrettable pour lui d'être aussi beau, parce que les gens l'aiment pour sa tête, alors que c'est un bon guitariste: il fait tès bien ce qu'II veut faire et croyez-moi tout le monde ne peut pas en dire autant. P. J_: -:- Mais alors, qu'est-ce qu'un très très bon guitariste? T. R.: - Un vrai bon guitariste est celui qui sent exactement ce qu'Il va jouer avant de prendre sa guitare, sans pour ça l'avoir soigneusement préparé, sans que personne, ne lui ait dit que faire. P. J.: - Alors, citez-moi un guitariste vraiment exceptionnel? T:R.: - Je dis Hendrix, tout de suite. Vous connaissez «Are Vou Experienced »? Dès ce disque, Hendrix a atteint la vraie perfection et il n'a jamais cessé depuis. C'est un type qui travaillait cinq semaines sur un solo, qui ensuite en tirait les cinq notes qui étaient pour lui les plus importantes, et les enregistrait. Eh bien, en cinq notes, il arrivait à dire ce que d'autres ne peuvent pas encore exprimer avec un double album. On ne devrait pas être forcé d'écouter une heure de musique médiocre pour trente secondes de perfection, d'expression totale. Ecoutez «All Along The Watchtower» et vous comprendrez ce que je veux dire. Pendant les trois minutes que dure le morceau, pas une note n'est en trop, chaque son a la signification exacte qu'a voulu lui attribuer son auteur.
P. J.: - Au début, vous étiez seulement deux, pourquoi avoir changé? T. R.: - On a rajouté une basse pour donner un peu plus d'ampleur à ce que nous faisons, pour augmenter nos possibilités. Dans le dernier disque, nous jouons avec un grand orchestre, violon, etc. C'est dans le même but, mais aussi pour changer un peu. Au début, je ne Jouais pas de guitare électrique, maintenant j'en joue, mais ça ne veut pas dire que c'est définitif. P. J.: - Voudriez-vous jouer sur scène avec un grand orchestre? " T. R.:- Oui, mais pas tout de suite. Dans un an ou deux peut-être. Je veux d'abord que le public nous connaisse bien comme nous sommes maintenant, pour qu'il puisse ensuite assimiler plus facilement la venue d'un orchestre. En tout cas, ce serait uniquement devant un très grand public. P.J.: -Etes vous tenté par une tournée aux U.S.A.? T.R.: - Non seulement nous sommes tentés, mais en plus nous avons fait des projets pour y aller vers le mois de mars. Ca ne sera pas la première fois d'ailleurs. L'Amérique est un pays que beaucoup de gens n'aiment pas, je ne comprends pas pourquoi. De toutes façons, la jeunesse est partout la même; et la violence est aussi répandue en France qu'en Grande Bretagne ou qu'aux Etats Unis (toutes proportions gardées, bien entendu). On a fait tout un cinéma autour d'Altamont, mais ce qui s'est passé là-bas est une chose fréquente à notre époque. C'est malheureux, je suis d'accord, mais on n'y peut absolument rien, ça arrive quand même, et toute la publicité qu'on en a tirée n'a pas de sens. Hendrix, lui non plus, n'aurait pas dû mourir, et pourtant il est mort ... Propos recueillis par Pierre JAHIEL. |
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No 36, juillet 71 | ||||||
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T.REX à Glasgow (ou la rançon de la gloire)(Vendredi 21 mai, d'après la chronologie de Cliff McLenehan).
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No 40, nov 71 | ||||||
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N° 41, Décembre 71 | ||||||
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![]() Il y a encore un an, il aurait été impensable d'ébaucher un portrait sur Mister Bolan, mais depuis - folks, times are changin' - Tyrannosaurus Rex est devenu T. Rex, il a changé de maison de disques et la guitare de celui qui « est » T. Rex s'est électrifiée; dernière remarque qui n'est pas la moins importante, sa musique s'est ouverte, s'est « commercialisée » et pour une fois dans le bon sens du terme. Résultat (heureux), un succès et une audience extraordinaire puisque (à titre indicatif) cette année, c'est T.Rex qui a vendu le plus de disques en Grande-Bretaqne.
(photo Bary Plummer) En un an «Ride A White Swan», «Jewels», «Hot Love» et «Get It On » ont assis T. Rex " new look" et " new sound" et fait de Bolan l'idole des tennyboppers (minets) britanniques et même américains, depuis "Get it on ". Bolan est l'homme-portée de T. Rex: c'est lui qui a fondé le groupe, qui l'a porté à bout de bras pendant sa période noire et qui travaillant la wah-wah a forgé le nouveau T. Rex. On est toujours surpris lorsque l'on rencontre Marc et aussi touché par le côté frêle et presque féminin du personnage. Je parle du personnage, car volontairement ou non Bolan est un personnage. Petit, habillé avec recherche, vaguement précieux, un peu énigmatique, volontaire, Mister Bolan est une espèce de prince charmant version XX· siècle dont l'épée aurait été remplacée par une guitare blanche. Amateur de champagne et de minettes, Bolan n'a qu'une passion : la magie. Il en parle souvent : "J'ai vécu plusieurs années de ma jeune existence à Paris chez un mage qui avait fait de moi son disciple », Cela l'a profondément marqué. Les textes de ses chansons en témoignent. Bolan a toujours spontanément beaucoup plus soigné ses textes que sa musique : "Avec mes textes, je fais passer plus de choses; pour moi, les mots sont plus « magiques" que la musique ». C'est beaucoup mieux ainsi, car l'écriture de Marc, l'une des plus belles de la musique actuelle est pleine de poésie, de candeur, bourrée d'images fraîches et pures avec une place privilégiée réservée à la nature et à l'amour, avec sur tout cela un hâle magique et cosmique et vaguement étrange (cf. "Planet queen » dans son dernier 30 cm). Pour véhiculer ses textes, Bolan a pendant longtemps tissé des mélodies douces ou d'une violence contenue («Deborah») ; on retrouve d'ailleurs encore des mélodies de la même veine dans la production récente du groupe, telles « Girl» ou « Life's A Gas» dans le dernier 33 tours. Mais il y a deux ans - révision déchirante, évolution? - Marc a acheté une guitare électrique et a commencé à jouer "Summertime Blues» - c'est d'ailleurs la MEILLEURE version que je connaisse - mais aussi une musique nouvelle, sauvage, le " kosmic rock », Pendant quelques temps, il partagea encore les concerts du Rex en un moment "acoustique» et un moment "rock»; puis totalement gagné à l'electric guitar, il a presque complètement abandonné la guitare sèche pour devenir l'" Electric Warri or » (le guerrier électrique) comme il le dit lui-même dans son dernier 33 tours. Certes le phrasé, si facilement identifiable, est toujours le même, les mélodies sont toujours aussi accrocheuses, mais l'ensemble est plus habillé, plus coloré. Bolan éprouve, semble t-il de plus en plus le besoin de souligner et d'affirmer sa musique qui fondamentalement tend à devenir plus violente (cf. « Rip Off» ou "One Inch Rock »). Pour ce faire, Bolan s'est récemment adjoint sur scène un bassiste, Steve Carey, qui renforce la rythmique jadis assurée seulement par Mickey Finn, le percussionniste. Sur disques, cette tendance est encore plus marquée : Bolan utilise désormais une orchestration plus riche, plus variée (trompettes, violons, etc.), des chœurs féminins aussi et même les deux chanteurs des Mothers (ex-Turtles) Howard Kaylen et Mark Volman. Tout compte fait, Bolan me fait penser à Donovan; leur univers artistique, leur évolution et leurs aspirations ont été et sont encore souvent les mêmes. La seule grande différence entre ces deux ménestrels de la pop, c'est que Donovan est plus artiste, plus indépendant que Bolan qui, lui, lorgne peut-être trop vers le "hit» et le succès. Attention Marc! Mais après tout, Donovan n'a jamais eu les problèmes de Bolan. Comment réagirait-il à sa place, lui? Jean-Marie LEDUC. |
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No 56, mars 73 | ||||||
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No 58, mai 73 | Best dans ce qu'il a de pire! | |||||
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En 1973, la presse Française, qui jusque-là avait regardé T.Rex avec une certaine bienveillance, se déchaîne et lynche Marc Bolan. BEST, dont le nom dépeint mal sa qualité, recrute un tueur à gage, un second couteau de passage,un tâcheron d'une ignorance crasse. Armé d'un stylo plume à canon scié ses mots sont méchants, mauvais, vicieux, mais aussi... bien naïfs parfois. 30 ans plus tard...Bolan reconnu par la presse musicale dans le monde entier, il doit être bien douloureux de se relire Monsieur Mareska.
Lorsque le néophyte déboucha de la station de métro Madeleine, une rafale de vent le bouscula, le faisant frissonner de la tête aux pieds. En maugréant il boutonna son duffle-coat, s’orienta quelques instants, il y avait si longtemps qu’il n’était pas venu dans ce quartier, et se dirigea vers les néons qui illuminaient la façade de l’Olympia. Ce mot fit ressurgir en sa mémoire, comme une série d’instantanés, le souvenir de mémorables concerts, les Beatles, puis plus tard les Stones et le beau chahut qui avait suivi le spectacle, le Golf, la Loco, les Who , Daltrey avec ses cheveux courts et une ceinture de cuir à rayures blanches et brunes… Il s’était d’ailleurs acheté la même lors d’un voyage à Londres peu de temps après… Townshend massacrant sa guitare, Keith Moon regardant d’un air navré la batterie qu’il venait de saccager quelques secondes auparavant… Les Yardbirds aussi, Beck penché sur sa guitare, sa belle gueule vérolée luisante sous les spots, Keith Relf soufflant dans son harmonica comme s’il devait mourir dans la minute suivante… Les Kinks et leurs incroyables tenues, Dave Dee et sa clique de folles, avec les incroyables pantalons à carreaux qui se faisaient à cette époque… et les Pretty Things et les Moody Blues, et toute cette ribambelle de formations, maintenant sombrées dans les abysses de l’oubli, avec des noms comme Actions, Créations, Downliner sect, Troggs…
Cela durait parfois si longtemps qu’il se demandait s’il n’était pas prisonnier d’un piège kafkaïen qui l’obligerait à répéter les mêmes gestes millénaires jusqu’à son dernier souffle. Et ce soir, parenthèse dans sa vie, il allait, première fois depuis de nombreuses années, assister à un concert de pop-music. Le nom du groupe qu’il allait entendre lui avait échappé depuis longtemps. Peu lui importait en fait. Il ne connaissait plus personne. Parfois, au cours de conversations, des noms venaient, qui sonnaient de manière nouvelle à ses oreilles… Grand Funk, Blade, ou Slade, ou quelque chose dans le genre, un David quelque chose aussi, dont on parlait avec respect, Roxy Music, ça il s’en souvenait parce que ça sonne bien, Genesis, et bien d’autres…Le billet, c’était un ami à lui qui lui avait donné en ajoutant : " Ca risque d’être super, ce type a vendu plus de 20 millions de disques, tu te rends compte , 20 millions… ". Tu parles s’il s’en rendait compte le néophyte… Dans sa tête il chercha combien d’argent représentaient 20 millions de disques, où il pourrait mettre tout ça, combien sa piaule pourrait en contenir… et arrive devant le vaste hall illuminé… Il remarqua les photomatons, devant lesquels quelques personnes attendaient, des machines à sous, quatre flics qui discutaient calmement. Extirpant son billet froissé de sa poche, il le présenta à un contrôleur habillé comme un musicien de bal de sous-préfecture, qui lui fit remarquer qu’il était en retard. Avec un haussement d’épaules, le néophyte franchit le passage étroit, grimpa deux volées de marches, et se retrouva dans le noir et le bruit. A tâtons, il trouva un strapontin, s’y installa et porta son regard sur la scène… Les spectacles de son temps et ceux d’aujourd’hui ont en commun la médiocrité de leur première partie, conclut-il après quelques secondes d’écoute… Sur le plateau, encombré par d’énormes amplis, se démenait comme un beau diable un petit bonhomme grassouillet, et qui tirait de sa guitare un brouhaha sonore entrecoupé de stridences lâchées ça et là, un peu au hasard. Rassuré de ne pas avoir loupé la vedette, le néophyte carra du mieux qu’il put sa carcasse sur le siège inconfortable et s’arma de patience. En son for intérieur, il se félicita de ne pas être arrivé plus tôt, ce qui l’aurait obligé à supporter toute la première partie. Celle-ci, d’ailleurs menaçait d’être fort longue, car, chaque morceau terminé, le petit bonhomme, après avoir attendu la fin des applaudissements, passait la main dans sa chevelure noire et bouclée, et se lançait dans un long discours, d’où il ressortait qu’il était content d’être en France, de jouer pour le public parisien, etc., etc. et un nouveau morceau redémarrait. L’attitude du guitariste ne manqua pas d’étonner le néophyte. Parcourant la scène à petits pas serrés, le petit bonhomme s’arrêtait parfois en une pose lascive, tendant au public son visage poupin, ou levait une jambe avant de tomber à genoux, pour se relever péniblement quelques secondes après.
A ses côtés,
se démenait avec tout autant de bonne volonté un
autre individu. Les cheveux longs et raides, il
s’agitait sans cesse devant trois énormes tumbas,
jonglant parfois, et maladroitement, avec un
tambourin, Derrière eux deux autres musiciens se tenaient. Un batteur, mauvais, lourd, un bûcheron, mais de la race de ceux qui font mal aux arbres en les abattant. Jamais dans le temps, jamais en place…Et pourtant, l’oreille du néophyte n’était plus familiarisée avec le tempo depuis des siècles… Et aussi un bassiste, dont on ne pouvait rien dire, hormis qu’il était le plus grand du groupe… A cette pensée le néophyte sourit dans sa barbe. Il aimait son humour et était sérieusement persuadé qu’il était le seul à saisir tout le sel de ses plaisanteries… Les morceaux succédaient aux morceaux, le néophyte, tout en suivant d’un œil distrait les évolutions du petit bonhomme en rouge et jaune, tâcha de se rappeler le nom de la formation vedette. A l’entracte, se dit-il, j’irai jeter un œil sur les affiches. C’est quand même le comble d’assister à un concert, alors qu’on a pas mis les pieds dans une salle de spectacle depuis des années et de ne pas connaître le nom des gens que l’on va voir… Le regard nonchalamment posé sur les cuisses boudinées dans du satin jaune, il peignait sa barbe de ses doigts aux ongles fort longs, creusant sa mémoire, espérant la fin de cet horrible hors-d'œuvre, se promettant à l’avenir (avenir ?…) de regarder les affiches avant d’entrer quelque part…Lorsque la tignasse noire s’abaissa, accompagnant le geste du bras pour un dernier accord, lorsque les lumières jaillirent, alors que les applaudissements mouraient, le néophyte resta un moment sur son strapontin, hébété, absent. Des jeunes, cheveux à la Gene Vincent et paillettes sur les pommettes, se rhabillaient à côté de lui. Voyant qu’ils attendaient qu’il quitte son siège pour sortir de la rangée, il se leva et suivit le flot. L’air vif du dehors le frappa au visage… Il chercha des yeux l’affiche, vit les signes peints sur le calicot bleu " T.Rex ". C’était donc ça T.Rex… Il venait de voir T.Rex, l’homme qui avait vendu 20 millions de disques… T.Rex… T.Rex… Il éclata de rire… Incroyable… En arpentant à grands pas la rue Daunou pour rentrer chez lui , plus de métro à cette heure-ci, le néophyte, sa crise de fou rire passée, se traita mentalement d’imbécile… Il avait pris pour la première partie le groupe vedette… Il aurait pourtant dû s’en rendre compte tout de suite. Un groupe de première partie n’aurait jamais osé jouer aussi mal, aussi fort… Une heure après, en montant l’escalier graisseux qui menait à sa piaule, il en riait encore… Jean Mareska.
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