RIGGS O’HARA
-
LE CHAINON MANQUANT VERS MARK FELD
Martin Barden est un fan bien connu depuis de nombreuses années. Je suis très heureux qu'il m'autorise à reproduire cet article, déjà publié dans Record Collector et Rumbling et qui relate sa rencontre avec celui que Marc Bolan appelait 'The Wizard'. martinbarden@hotmail.com
Je
tiens, du fonds du coeur, à remercier George Rab pour son aide
dans l'illustration de cette page.
Parmi les nombreuses photos qu'il m'a fournies,
certaines n'ont jamais été publées précédemment.
Lisez aussi 'Le Sorcier' par Gavin Ross
Riggs O’Hara est l'un de ces personnages légendaires des jeunes années de Marc Bolan et dont on ne sait que peu de choses. Cela a bien changé lorsque j'ai vu son nom dans mon journal local qui annonçait l'ouverture du nouveau théatre de Riggs , situé dans une poste désaffecté dans Ladbroke Grove. Une rencontre fut programmée pour le vendredi 1er Août, et peu avant midi, je fus accueilli dans l'appartement de O’Hara par un homme de taille moyenne, robuste, surmonté d'une tignasse blonde ébouriffée et doté d'une puissante voix d'acteur à l'accent mid-Atlantic ( mélange d'accent Anglais et Américain ). C'était Riggs. Pendant un peu plus de 2 heures, il s'est penché, 30 ans en arrière, sur une amitié d'à peine plus de 12 mois, mais une amitié qui allait radicalement changer la vie de l'apprenti-star Mark Feld…
Ceci est l'interview complète, publiée dans Rumbling 22, dont une version abrégée a été publiée dans le numéro de septembre de Record Collector.
Vous êtes-vous parfois demandé
pourquoi personne ne vous contactait au sujet de
Marc Bolan avant aujourd'hui ?
Oui-cela m'a choqué. J'ai lu une biographie et je me suis dit : 'pourquoi diable personne n'essaye de me contacter et de m'interroger à ce sujet ? Nous nous sommes rencontrés chez un ami. Il rendait visite à ce type dont j'ai complètement oublié le nom, je me suis pointé et j'ai commencé à parler du théatre, et nous sommes sortis pour prendre un thé, ou autre. cela se passait en 1964 et il s'appelait encore Mark Feld, et s'est ainsi qu'il se désignait lui-même. tous ceux qui clâment l'avoir connu 'avant',...et bien c'est forcément plus tard : Il n'y avait personne autour de nous. Il n'était pas un solitaire mais il ne fréquentait pas une foule de gens et d'ailleurs il ne connaissait pas grand monde. Tous ceux qu'il a rencontré, c'est par moi qu'il les a rencontrés. c'était une période éducative pour lui, faite de sortie au théatre et d'ouverture de ses yeux.. Ce ne fut pas de mon initiative mais bien ce qu'il attendait de moi. Je ne me rappelle pas que Mark ait eu d'autres amis que moi, à l'époque. Il ne lui arrivait jamais de dire 'untel et untel vont venir ce soir' ou encore 'est-ce qu'untel et untel peuvent venir avec nous au théatre ce soir?', jamais. On allait vraiment bien ensemble. Il était si gentil et pince -sans-rire. Les sentences volaient et je me demandais 'Où diable as-tu appris à dire des choses pareilles ?!’ |
![]() |
Dans son carnet, il lui est arrivé,
au moins une fois de signer Marc Riggs -Etiez-vous
au courant de celà ?
Oh comme c'est merveilleux de découvrir qu'il pensait autant à moi, je n'avais jamais sû celà auparavant. Nous partagions plus ou moins un appartement dans Lonsdale Road, à Barnes. J'avais un appartement gigantesque, selon les normes de l'époque, pour quelque chose comme 12 Livres Sterling par semaine et Jimmy Bolam habitait là, lui aussi. Quand Mark a changé de nom, j'ai été très fier j'aurais été très fier qu'il opte pour mon nom, celà aurait été une idée terrible et j'aurais aimé. Jimmy, lui, pourtant, a été très offensé, du fait qu'i se lançait dans les ‘Likely Lads’ et il fut outré que Mark puisse emprunter son nom, et il trouvait que celà lui otait quelque chose, aussi Mark a juste changé le ‘M’ pour un ‘N’, et le tour était joué. Rien à voir avec Bob Dylan. Mark n'a pas fait celà parce qu'il admirait, il aimait juste le son de ce nom. Il n'a jamais été question d'une quelconque compétition entre eux deux, Mark savait depuis le départ qu'il deviendrait le plus connu des deux. Il ne comprennait pas pourquoi Jimmy était blessé, il trouvait absolument ridicule que Jimmy puisse espérer devenir aussi grand que Mark. Il ne faisait pas une crise d'identité, ilo avait bien les pieds sur terre et se demandait juste quel nom serait le plus accrocheur pour le propulser à travers la porte de la célébrité |
Et Toby Tyler?
J'ai eu une lettre mentionnant ce nom. Il m'a envoyé une photo de Roy Orbison et écrivait ‘ne trouves-tu pas qu'il ressemble à Rodney Bewes?’, Rodney Bewes faisait partie de ‘Likely Lads’ comme Jimmy Bolam.
Mes excuses : je n'ai pas appelé. Mais je le ferai bientôt, dès que j'aurai de bonnes nouvelles (comme un contrat d'enregistrement) En espérant te revoir bientôt Marc (ou de mon nom de scène (hi hi) Toby Tyler . Toute mon affection de qui que je puisse être x x xx xx xx xx PS j'espère que tu aimes mon poème, je suis (?illisible?) Olgar l'Autruche
Est-ce Roy Orbison ou Rodney Bewes ? ( Martin Barden 2001 )
Exposé à la Bolanfest 2000
Toby Tyler provenait d'une BD ou quelque chose dans le
genre. il était simplement à la recherche d'un nom un peu
théatral.
Je pense que l'on peut dire qu'à cette époque nous menions une vie clinquante ! Nous décorions notre appartement de manière dramatique, le hall d'entréee était peint en rouge sombre, les voilages représentaient des colonnes grecques, les sièges étaient en cuir. Nos couteaux, fourchettes et assiettes étaient assortis et nous apportions le café dans de petites tasses sur un plateau. C'était ce côté des années soixante où tout le monde voulait vivre avec éclat. Nous étions presque royaux dans notre comportement infantile. Ce fut ainsi pendant plus d'une année...je ne me rappelle pas avoir vécu différemment, que j'ai de l'argent ou que j'en manque...
Nous louions des Bentley avec chauffeur...c'était abordable à cette époque et j'avais cette habitude. J'avais ma propre voiture, mon appartement, je prenais tous mes repas au restaurant et je faisais toutes les premières. Pour Marc, ce fut très formateur, cette période pendant laquelle il avait 16/17 ans...Il laissait tout le temps ses affaires à la maison mais s'il trouvait à découcher, pour quelque temps et bien il s'installait là-bas.
Tout le temps que je
l'ai connu, ses cheveux étaient courts. Il était toujours
élégant et bien habillé. Il ne portait jamais de jeans ou les
vêtements 'dans le coups'. Il voulait toujours paraître chic
dans des costumes bien taillés.C'était les années 40/50à votre
porte !
mais d'une manière très sympathique, sans emphase.Si quelqu'un
l'a influencé à cette époque, ce fut Elvis. C'est le but qu'il a
poursuivi : cette sorte de représentation permanente élevée au
rang de style de vie.
Mark a été le 'Roi des Mods' à l'age de 13 ans et il a eu tous ces articles sur lui, et jamais il n'a oublié ce moment de gloire. Une fois qu'il a vu sa photo dans l' Evening Standard il a décidé de son destin. Il aurait fait n'importe quoi s'il pensait qu'une porte s'ouvrirait. S'il s'était ouvert une porte pour le théatre ou le cinéma alors c'est ce qu'il aurait fait.D'ailleurs il a passé l'audition pour ‘Performance’ et s'en est plutôt bien tiré - il y a vait une possibilité, vraiment, bien que pour finir ils aient engagé celui qui avait un nom [Mick Jagger]. Je ne sais pas s'il a jamais joué pour ‘Orlando’, mais par l'association qu'il avait avec moi, il était au courant de ce qui allait se faire en matière de films ou de télévisions. Mais il n'avait pas d'agent et ne savait d'ailleurs pas ce qu'un agent était. Il pensait véritablement à un manager qui aurait pris en charge tous ces aspects des affaires. Mais il était trop élégant pour tout cela, il a toujours été élégant.
Je pense qu'aucun de ses managers n'aurait été assez malin pour le diriger, pour le pousser en avant aussi bien qu'il savait se pousser lui-même. Si nous étions restés en contact, j'imagine que je lui aurait dit 'il te faut un spectacle à montrer sur scène, ou bien il faut que tu trouves quelquechose d'un peu plus important’. C'était mon attitude 'il faut que tu fasses plus'. Mais il savait que pour être acteur il fallait suivre une formation longue de trois ans, avec un spectacle de fin d'études, puis trouver un agent, être signé, etc...En aucun cas il n'aurait fait tout celà. La seule situation qui ne demande aucune aptitude particulière, c'était l'industrie pop.
Une
fois, nous regardions ‘Top of the Pops’ et un type se
trémoussait avec sa guitare et Marc me dit 'n'importe qui est
capable de faire cela!' C'est ce qu'il a fait, il s'est levé et
il l'a fait! C'était avant tout quelqu'un qui aimait apprendre,
toute sorte de talent artistique n'était que secondaire pour
lui. Dans bien des aspects il avait fait son éducation par
lui-même, il s'est même appris son propre accent! Un jour il a
décidé de s'apprendre à parler correctement et il l'a fait! Il
n'est pratiquement pas allé à l'école.
L'une de mes meilleures amies était Sandra Caron, dont la soeur était Alma Cogan, qui organisait les partys les plus branchées. Vous pouviez vous rendre à une party d' Alma Cogan et les Beatles et les Stones pouvaient être là, tout comme les Andrews Sisters, Ethel Merman, Peter O’Toole, Sammy Davis Jnr, tous ceux dont vous aviez pu déjà entendre parler, en fait, tous réunis dans une seule pièce ! Mark n'a jamais fait du rentre-dedans ou couché avec quelqu'un sous prétexte de faire avancer sa carrière, jamais !
Un moment important dans la légende de Marc Bolan fut votre voyage à Paris. Ce fut un long week end et nous fimes en sorte qu'il soit merveilleux. Nous avons tout fait ! Il n'avait jamais été à l'étranger auparavant, alors on a tout fait, tout vu : les night-clubs les plus fous, avec les revues les plus élaborées que l'on puisse imaginer, les bateaux-mouche, le théatre, les musées, c'était sa première expérience pour s'ouvrir l'esprit, et on a fait du concentré ! on a fait tous les trucs à touristes aussi bien que tous points culturels intéressants, et je suis sûr que pour quelqu'un comme lui, cela a dû paraitre six mois - de la tour Eiffel au Louvres en passant par un grand show musical. Nous avions pris une chambre à l'Hotel Montana, rue St Bernard, sur la rive gauche. C'est le genre de chose que l'on peut faire pour quelqu'un qui a cet esprit : tu devraus voir ceci, et je voudrais être celui qui te montrera celà. En ce temps là je devais me vanter d'avoir été à paris, de bien le connaitre, d'y avoir des amis... Il a très bien pris celà...je ne peux pas dire que les yeux lui sortait de la tête devant toutes les merveilles qu'il voyait....non, il enregistrait, peut-être bien même qu'il ne le vivait pas vraiment, il enregistrait. Mais cà surement été un des grands moments de sa vie. C'est comme cette histoire de magicien - Il n'y avait que moi. Ce genre d'histoires que Marc inventait en disant que le magicien était quelqu'un d'autre était sa manière à lui de me protéger. Il ne connaissait personne d'autre que moi à cette époque là. Je me rappelle avoir dû me rendre à New-York, pour deux semaines et je l'ai laissé à Londres. Quand je suis revenu cà été la première fois que j'ai ressenti lui avoir manqué parce qu'il était accro de moi, bien qu'il ne s'en rende pas compte. Il m'attendait pratiquement sur le paillasson, il était à l'intérieur de l'appartement car il avait sa clé. C'est aussi là que je me suis rendu compte qu'il se souciait de moi. Il n'était pas du genre à exprimer ses sentiments, habituellement. Mark ne draguait pas les hommes. Si je puis dire quelque chose de sa sexualité c'est que ses désirs était dirigés vers ce qu'il voulait devenir et faire. Il n'était pas homosexuel ou même bisexuel. S'il lui arrivait de coucher avec un garçon c'était parce qu'il ressentait une affinité, une sorte de compréhension, de complicité intellectuelle, d'amour pour cette personne. |
Il ne fréquentait pas la scène homo et il n'était pas attiré sexuellement par les hommes, non. S'il lui arrivait de se sentir ainsi pour vous et bien tant mieux, mais...Je ne sais pas ce qui est arrivé après que nous nous soyions perdus de vue, mais je ne peux pas y croire. Il e fréquentait jamais les bars ou les boîtes gays. Jamais il ne faisait celà, celà ne l'intéressait pas. Sa famille l'encourageait d'une manière incroyable ! sa mère, son père, son frère - ils encourageaient tout ce qu'il avait envie de faire. Ils ne lui disaient jamais ' d'où viens-tu? tu n'as pas mis les pieds à la maison depuis 3 jours !' ou bien 'quand trouveras-tu enfin un job ?' Ils acceptaient sa versatilité. J'avais une Triumph Herald et je le ramenais chez lui à Tooting. J'ai rencontré ses parents et son frère, des gens vraiment charmants. Sa mère really nice caring people. His mother aurait été sa supportrice quoiqu'i fasse et quoiqu'il désire.... Je n'ai jamais été conscient d'une quelconque opposition envers moi, de la part de son père. Et son frère le traitait comme on traite un petit frère avec toutes ces idées et tous ces rêves. Mark de temps en temps, délibérément retrouvait son accent d'enfance et me faisait rire... Un seul Hôtel répond à la description : Hôtel Le Montana, 28 rue St
Benoît, Ceci m'a été confirmé par Riggs O'Hara lui-même (voir sa lettre) Quand j'ai rencontré Mark, Phyllis, sa mère, travaillait dans Berwick Street, et il m'a parlé du ‘2is’ ( légendaire boîte ) comme s'il y avait déjà été, mais je crois qu'il était trop jeune pour que celà fut possible.. Si nous nous promenions dans Old Compton Street il disait : 'tu vois, c'était là' mais vous savez...je crois qu'il a inventé les mythes en même temps que son personnage. En ce temps là, les seuls endroits où sortir après 11 heures c'étaent les coffee bars et encore il n'y en avait qu'un ou deux. Il préférait plutôt aller à l' Ad-Lib qui était à l'époque la première et seule discothèque et j'y avais mes entrées car les propriétaires étaient mes amis. On rencontrait toutes les personnes dont on pouvait rêver, là-bas, de l'acteur le plus en vue à la pop star américaine en vogue, tout le monde - il n'y avait pas d'autre endroit où aller. |
Dans les années soixante,
chaque jour était une découverte! Tout d'un coup vous
découvriez un endroit où sortir, vous y rendiez et
vous pouviez écouter les disques de Tamla Motown pour
la toute première fois, parce qu'à cette époque, le
seul accès que vous puissiez avoir à la musique venue
d'ailleurs, c'était Radio Caroline.
J'avais un mange-disque dans ma voiture - un de ces gadgets des 60's, vous pouviez glisser un 45 tours dedans - il n'y avait jamais que des Tamla Motown là-dedans, et c'est de là que Marc les a eu. Je suis toujours fou de cette musique, je vote encore Martha and the Vandellas contre les Spice Girls, pour toujours ! J'ai toujours aimé cette musique et même avant Tamla Motown j'étais dans le Rhythm and Blues. En observant la scène Anglaise de cette époque vous n'auriez pas connu Tamla Motown. Je disais toujours ' personne ne peut faire celà !' La façon dont ils produisaient ces sons, avec ces ouvertures géniales en utilisant les sons Gospel pour faire ces disques pops.d uJ'étais fou d' Aretha, de Gladys Knight... Dusty était une autre de nos préférées à Mark et à moi., je pense que c'était la seule, non américaine, à pouvoir le faire aussi, elle était fabuleuse, spectaculaire ! J'ai payé pour son premier démo, qui, j'en suis sûr a disparu. Il n'y avait pas de groupe, juste un petit studio, coucher quelque chose sur bande et je crois que çà m'a couté quelque chose comme £20.00. Je n'ai pas souvenir de la chanson mais je ne pense pas qu'il l'avait écrite, et ce n'était pas ‘Blowing in the Wind’. |
Mon Cher Pierre,
Oui, vous avez raison C'est bien le Montana
1er étage en façade.
Oui, il a bien changé...
Merci d'avoir écrit.
Riggs O'Hara
Est-ce que celà aurait
pu être 'You’re no Good’ de Betty Everett?
C'est possible. Betty Everett était fabuleuse - Marc a connu celà grâce à moi. Il n'avait pas le trémolo dans sa voix, en ce temps-là. sa voix était plutôt fluette bien qu'il se tint juste devant le micro, et je ne pense pas que c'était lui qui jouait de la guitare. C'était une pièce relativement petite, au rez-de-chaussée, je crois, juste un de ces endroits qu'il était possible de louer. Il n'y avait pas de producteur, et d'ailleurs je ne connaissais rien à toutes ces choses. Je regardais celà d'un peu haut à l'époque et donc je ne faisais celà que pour lui être agréable, parce que c'était ce qu'il avait envie de faire. Il n'y avait rien dans mon esprit qui me disait que c'était important ou que celà allait devenir sa carrière, bien que je savais que ce serait probablement la direction qu'il prendrait. Mais je ne m'intéressais pas à l'industrie pop. Je m'intéressais à devenir un acteur sérieux.Je m'intéressait au théatre Royal, qui à mes yeux était la seule chose qui valait la peine. et aussi, pour moi le théatre c'était Noel Coward, Judy Garland, et c'est donc ce à quoi je l'ai initié. |
||
Je pense que nous avons été voir une
pièce appelée ‘Black’ quelquechose - un show
gospel venu d'Amérique où ils étaient tous vêtus de
robes et chantaient ces merveilleux gospels, on est
allés voir çà.
Il faut que j'insiste bien sur le fait qu'en aucune façon je ne cherche à m'attribuer quoique ce soit qu'il ait réussi ou découvert, mais si jamais il a été influencé par toutes ces choses, alors j'étais là, simplement parce que c'était la musique que j'aimais ou le style de vie que j'aimais. dès le début, il a su que l'image est plus importante que le talent. Il était très conscient quand il se levait pour se tortiller...il était gauche et très amusant....il bougeait maladroitement. A ce moment à, je n'aurais pas imaginé que ce type de trémoussement pouvait être sexy. Jamais il ne donnait l'impression de vous utiliser. Il voulait apprendre, mais il ne vous lobotomisait pas pour autant. il voulait tout savoir du business. |
Moi, je lui ais appris le
théatre - je ne veux pas me faire mousser, mais toute
attitude théatrale qu'il a pu avoir par la suite,
provenait forcément de cette expérience. Son image,
ensuite a été extrèmement théatrale et ce n'était pas
le cas quand je l'ai rencontré.
L'homme était très à la mode à l'époque et il avait une petite casquette et un blouson de cuir. Je lui ai acheté un manteau en mouton de Mongolie avec des broderies sur le daim et de la fourrure qui sortait du col, mais il était toujours très soigné. il n'aimait pas les trucs à franges ou duvetés. Quand vous le regardez, maintenant, en costume, il est terriblement soigné. Il était ordonné, précis, toujours remettant les choses à leur place, jamais de désordre. |
|
Quand finalement nous avons
suivi chacun notre chemin, et il n'y eut absolument
aucun problème à ce sujet, aucun, d'aucune sorte,
c'était juste le moment adéquat, pour chacun de nous,
pas de querelle, de bagarre ou de discussion, et même
après celà s'il lui arrivait de m'appeler ou d'établir
un contact, il ne m'appelait que s'il avait de bonnes
nouvelles. Il ne m'a jamais appelé à l'aide ou parce
qu'il était déprimé, ou encore parce qu'il avait
besoin de ceci ou celà, jamais. s'il appelait c'était
pour me dire 'j'ai fait tel concert' ou 'j'ai fait tel
démo'....
Mais il était toujours en train d''inventer son propre style, il n'avait pas de repos, il s'est formé sur le tas, dans l'action. |
![]() |
![]() |
![]() |
Avez-vous
regardé sa carrière avec une certaine distance une
fois que vous vous êtes perdus de vue?
Oui, nous nous sommes perdus de vue, parce que j'étais de nouveau à New-York, mais nous n'avons jamais perdu la foi.Si mes amis le rencontrait, il ne manquait pas de demander de mes nouvelles. J'ai toujours suivi ce qu'il devenait et j'étaistrès content pour lui. J'aimerai pouvoir dire 'fier de lui' mais ce n'est pas un mot que l'on peut utiliser à partit du moment ou ce qu'il a fait c'est lui qui l'a fait. Je m'étonnais du degré de sa célébrité...je le voyais dans les journaux, même en me promenant à Greenwich Village je voyais des boutiques à l'enseigne de T.Rex, et je pensais 'c'est incroyable !' J'ai toujours été ému pour lui - il a eu ce qu'il a voulu. C'est à mon contact qu'il a compris ce qu'était le monde du show-biz et qu'il voulait absolument en faire partie. Il n'y avait rien de pernicieux ni de simple dans sa volonté d'apprendre. Jamais vous ne vous sentiez pompé, asséché, vidé par lui. Il se contentait de regarder et d'absorber. Cette époque a été très importante pour lui. C'est ce qui a fait pencher la balance entre rester assis à la maison en se disant 'je voudrais faire quelquechose' et s'impliquer pour de vrai dans cette communauté, en sachant que ce n'est pas un métier, c'est une vie, et que chaque chose que tu fais est motivée par les gens qui en font partie et par le but qu'ils veulent atteindre Il ne donnait pas de concerts quand je l'ai connu. Aussi je ne l'ai jamais vu 'live', et je n'ai jamais acheté l'un de ses disques. Quand je le vois à la télé je vois toujours le petit garçon derrière l'image qu'il projette. Je suis toujours étonné par son professionnalisme et son style. Quand on le voit, ainsi paré, je ne peux pas m'empêcher de me souvenir du petit garçon qui voulait devenir une pop star. |
Personne
n'a-t'il jamais retrouvé une petite statue verte du
dieu Pan? Je lui ai acheté au marché de Camden. Après
que nous nous soyions séparés, nous nous sommes
retrouvés et sommes allés à Camden et il y avait un
magasin juste au coin du marché et il y avait cette
petite statue. Il m'a dit 'j'aime celà' et je lui ai
acheté.
Je n'avais aucun doute qu'un jour il aurait fait des films. je pense qu'il s'est retrouvé dans ce truc pop et que personne dans son entourage ne pensait à autre chose qu'à l'industrie pop. Il n'était pas 'manageable', mm... simplement parce que les managers voulaient toujours plus de ce qu'ils savaient se vendre. Il n'avait personne pour lui dire 'pourquoi n'essayes-tu pas ceci ou celà ?' Il jouait son rôle de Marc Bolan, mais était-il capable de jouer ? Si nous étions restés en contact, me connaissant et connaissant mes relations, je n'aurais pû que lire les scripts qu'on lui proposait et lui dire 'c'est de la merde' ou au contraire ce n'en est pas. Ou encore j'aurais demandé l'avis de personnes connues dans le business. D'une manière ou d'une autre je l'aurais aidé dans le moindre de ses actes. Quand il serait rentré à la maison, j'aurais pris soin de lui. C'est juste qu'il n'y a pas beaucoup de gens comme celà. La personne que j'ai connue n'était pas un problème, en aucune façon. Si plus tard, il est devenu pénible, c'est qu'il n'y avait personne autour de lui pour le soulager de la pression environnante. Personne autour de lui pour avoir de meilleures idées que lui. Il a rencontré mon amie Sandra, des années plus tard, chez Apple quand il était ami avec Ringo Starr. Quand il a vu Sandra entrer, la première chose qu'il lui a demandé c'est où j'étais et comment j'allais ? J'étais à New-York - j'y suis retourné au début des années 70, pour dix ans. La façon un peu perverse de Marc pour dire qu'Elvis n'était jamais venu en Angleterre n'était pas pour le rendre sympathique aux Etats Unis ! |
Il n'a jamais
été motivé par l'argent, mais par le travail.Il savait
qu'il ne fallait pas rester immobile mais toujours
être en mouvement. Je ne savais pas qu'il avait vécu
aux States. J'aurais pensé qu'il détesterait vivre en
Californie. C'était un Londonien, il aurait été plus
heureux à New-York.
Mis à part le jour où il a décidé de partir, la dernière fois que je l'ai vu c'est à Camden Market quand j'ai acheté la statue.J'ai entendu parler de son accident, au moment où c'est arrivé, car pas mal de gens que je connaissais savaient que je l'avais connu. La plupart m'ont aussitôt appelé pour me demander si j'étais au courant. Je ne connais pas les aspects tragiques de sa vie - je n'ai jamais connu celà chez lui, je n'ai jamais vu son chagrin. Il était enthousiaste et plein d'énergie, avec la volonté de réussir. Il n'avait jamais de problème ou de peine, jamais de désir inassouvi. Je trouve extraordinaire que cette période ait eu cette influence sur lui. Ce que je regrette le plus c'est que, dans ses périodes de déprime, il ne m'ait jamais appelé, mais ce n'était pas son genre. S'il m'avait appelé dans un de ses mauvais moments, j'aurais été là immédiatement et je l'aurais aidé à débrouiller tout celà. Il ne m'aurait jamais appelé pour de mauvaises nouvelles mais j'aurais souhaité qu'il le fasse. C'est si dur d'entendre des choses sur quelqu'un que l'on a si bien connu. Tout ce que je peux vous dire c'est ce que j'ai vu et ce que j'ai su. Et tout le mythe qui a grossi...c'est lui qui l'a inventé. Celà m'étonne tellement qu'il se soit drogué. Tout ce que je peux dire c'est que çà doit être dû à la pression et la tension, après avoir réussi ce qu'il a réussi, et ce n'était jamais assez. Et il n'avait personne pour lui botter le cul et lui dire 'Essaye ce rôle, essaye pour ce film '. Le problème avec les Pop stars, est que quand elles sont jeunes tout ce qu'elles veulent c'est décrocher un N° 1. Ensuite dès qu'elles l'ont alors c'est un album N°1 qu'il leur faut. Et elles passent le reste de leurs vies à essayer de répéter leur succès initial. |
Il a toujours
su que je me sentais au-dessus de l'industrie pop.
J'étais un snob du théatre. J'avais une formation de
comédie musicale et ensuite j'ai voulu devenir un
acteur normal. Et ce genre de personnes sont vraiment
les pires personnes que l'on puisse trouver ! Je me
sentais au-dessus des comédies musicales du West End
et je ne voulais apparaître que dans des pièces
sérieuses de celles qui changent la vie des gens, et
çà m'a pris toute une vie pour avoir effectivement un
endroit où je peux effectivement faire ce genre de
choses.
L'image que j'ai de Mark après qu'il soit devenu célèbre, c'est un côté théatral. D'autres personnes émetteraient peut-être de réelles considérations philosophiques là-dessus....En ce qui le concerne, ce n'était que du théatre. Tout le temps qu'il a passé avec moi, nous avons fréquenté des gens de théatre, pas des musiciens. Je l'ai emmené partout où je suis allé. J'aurais aimé, plus que tout autre chose, que quand çà allait mal il m'ait appelé. J'aurais pu l'emmener dans un autre monde, un monde totalement ignorant de T.Rex mais qui l'aurait pris pour ce qu'il était, quelqu'un qui voulait réussir, qui avait un certain succès, du talent et savait s'en servir. Etre théatral n'était pas d'un instinct naturel chez lui, avoir du succès, si.Il n'aurait jamais pu vivre une vie ordinaire. S'il avait vécu plus longtemps, il serait probablement devenu le meilleur producteur de disques au monde.Et il est probable qu'il ne regretterait même pas ne plus se produire sur scène.Il aurait pu écrire encore des chansons ou des musiques de films. Jene le vois pas faire un come-back à 50 ans, vieux et gras.He might have written songs or scores for movies. I can’t see him making a 50-fat comeback. I can’t see him doing that. Il était trop élégant pour celà. Il a toujours su garder l'exclusivité : ne pas donner trop d'un coup, inventer une histoire plutôt que dire la vérité.HCe n'était pas un chasseur, au sens sexuel. Il savait ce qu'il voulait, sans jamais se montreropportuniste. C'était un autodidacte : il allait là où des choses qu'il ignorait pouvaient s'apprendre. Et il les apprenait. Å |
La pièce de Riggs O’Hara ‘Noel Coward in Poland’ a été représentée en Août au cours du festival des Arts de Portobello. Riggs a été aussi un hôte particulier de la cérémonie PRS le 15 Septembre 1997, au cours de laquelle il a retrouvé Harry Feld pour la première fois en trente ans. Interview par Martin Barden Ó 8/97. Pas de reproduction sans autorisation écrite.
La même page en Anglais
Menu Principal , Disques , Concerts , Télés , Enregistrements , Films & Vidéos , Presse Musicale , Reprises & Hommages , Liens
© Pierre Champion 2001